2011年11月29日火曜日

カリプソはできなかった、社会にすむことが。

カリプソ、カリプソは、カリプソはできなかった、社会にすむことが。
ルソーから革命をへてジャコトへ。野生人と子どもの世界よこんにちは、社会(日本ムラ)よさようなら。

かれらは子どもをぶりかえしていた。子どもに消費のルールはわからない。子どもに交換の論理は通用しない。…「気が変になった」子どもたちは、監視カメラを気にしない。掠奪に夢中。
(栗原康「子ども社会主義 子どもたちが大人の世界に別れをつげている。ご機嫌よう。」…大杉栄『自叙伝』土曜社 書評)

教師と学生がさまよい、それぞれの知的冒険のなかで出会う森がある。それは葉かげに沈黙した雷鳴がとどろき、妖精たちがロンドを踊るような想像の森である。
(岡山茂「福島原発事故以後、『知性の解放』ほど求められているものはないのではないか」…J.ランシエール『無知な教師』梶田裕・堀容子訳、法政大学出版局 書評)

*いずれも『図書新聞』2011.12.3(第3040号)より

2011年11月26日土曜日

「プロテスト・パーティ・アクション!」

ドイツ、メッツィンゲンでのMOX燃料輸送阻止行動。

2011年11月23日水曜日

ヴァローニュの悪の華

本日(11月23日)放射性廃棄物を乗せた列車がフランス西北のヴァローニュからドイツに向けて出発する。列車の名は「カストール Castor」である。輸送は阻止されるだろう。本日午後、ヴァローニュでは機動隊の車輛に火が放たれたという。輸送阻止を呼びかける「タルナック・アンチ・カストール委員会 Comité anti-CASTOR de Tarnac」の言葉をきこう。

「われわれが身をひたしている、世界の終わり、象徴的アポカリプス、全面的崩壊の雰囲気のなかで、原子力は政治的状況の施錠として機能している。それは転覆をめざすあらゆる概念に蓋のごとくのしかかる、低く重くたれこめた空である。」

国家は統治のために原子力を必要とし、社会は原子力の管理と改革をおこなう。国家に何を期待しても無駄なように、社会に何を期待しても無意味である。それゆえ反=原子力は「国家や社会がとりはらわれた世界」(白石嘉治)に向かう。早朝のヴァローニュで催涙弾の白い煙のなかを駆け抜ける人影は言表行為であり、掲げられた弾幕は「われわれ」の歌である。

アレヴァとっとと失せろ Areva chier (Allez, va chier)
お前のうなじ=放射能はひどく臭う Tu pues du nuc (nuke=nuque)

今朝の映像とタルナックの声明をここに掲載しておこう。


Manifestation des antinucléaires aux abords de... par france3bassenormandie_845





Fukushima, c'était il y a huit mois. Il n'y a pas de « retour à
la normale » après une catastrophe nucléaire. Il y a un nouvel état du
monde, une nouvelle géographie du ravage dont l'information régnante
voudrait que l'on s'accommode, par la force des choses. Le spectacle
des explosions de Fukushima offert en live streaming à la planète
entière, les dépêches sans queue ni tête livrées d'heure en heure à
l'avidité des peuples obéissent à la même logique qui commande
aujourd'hui le plus complet silence sur les conséquences de la
catastrophe. Qui sait que le Japon a mis à l'arrêt à ce jour 44 de ses
réacteurs, que seuls dix fonctionnent encore et qu'à Tokyo on préfère
désormais les coupures d'électricité aux merveilles de l'atome ? Qui
se soucie que 90 % des enfants naissant actuellement dans la zone
contaminée autour de Tchernobyl soient frappés de tares génétiques ?
La vie est assez dure comme ça pour s'épargner d'avoir, de surcroît,
conscience de son horreur. Les pays les plus nucléarisés sont ceux où
l'on se rebelle le moins contre le nucléaire. Les prisonniers
finissent généralement par aimer leur geôlier, pour peu qu'on les
résigne assez à leur sort.

Dans l'ambiance de fin du monde, d'apocalypse symbolique,
d'effondrement généralisé où nous baignons présentement, le nucléaire
fonctionne comme un verrou sur la situation politique. C'est un ciel
bas et lourd qui pèse comme un couvercle sur toute idée de
bouleversement. Ce qui est en jeu là, ce n'est évidemment pas la
révolution, tout juste sa possibilité. D'autant plus cette société
épuise le peu de crédit qu'il lui reste, d'autant plus le réseau de
centrales qui enserre le territoire nous fait l'effet d'un corset,
d'une camisole. Comment un régime qui ne s'aventure plus à faire de
promesse pour l'année suivante ose-t-il produire des déchets
radioactifs pour encore cent mille ans ? Comment ignorer que la
dépendance énergétique où l'on nous tient, et la sorte de chantage qui
l'accompagne, réduisent à l'insignifiant toutes nos prétentions à la
liberté ? Il y a quelque chose de morbide dans l'investissement
libidinal dont l'Etat français a couvert ses centrales et ses bombes à
neutrons. A mesure que gouvernements étrangers et capitalistes
éclairés font savoir l'un après l'autre leur intention de renoncer au
nucléaire, la France préfère se dire que si elle est de plus en plus
seule dans son impasse, c'est simplement qu'elle est la meilleure.
Alors que l'EPR est en bonne voie pour égaler Superphénix dans la
catégorie des folies furieuses, EDF dévoile à présent son intention de
relancer la surgénération. C'est un spectacle atterrant qu'un tel déni
du réel, une telle imperméabilité à l'expérience, une telle façon
d'exposer au monde entier ses verrues comme un titre de gloire.

Trois ans se sont écoulés depuis ce 11 novembre où la
Sous-Direction Antiterroriste a trouvé bon d'investir le village de
Tarnac et quelques autres domiciles en France, afin d'y arrêter une
dizaine de personnes. Renseignements pris, nous avons fini par
acquérir une idée assez précise de l'étonnante convergence d'intérêts
qui a amené à ces arrestations. On arrive, selon le fil que l'on tire
dans cette bobine, à d'obscures barbouzes grenouillant dans la «
sécurité », à des services secrets agissant « informellement » à
l'échelle européenne, à des conseillers du prince en veine de
reconnaissance, à de vieux fachos ayant accédé aux ministères dans le
sillage de Sarkozy et jugeant que l'heure était enfin venue de prendre
leur revanche sur les gauchistes. On y trouve aussi les intérêts
bureaucratiques bien compris d'ex-RG mis à mal par la fusion avec la
DST au sein de la DCRI et les éternelles ambitions ministérielles de
Michèle Alliot-Marie. Pour faire bonne mesure, on n'oubliera pas le
rôle joué par l'infiltré britannique Mark Kennedy-Stone et l'effet des
habituelles rivalités dont les milieux radicaux sont, au même titre
que n'importe quel autre milieu, le siège détestable. Mais si l'on
s'en tient aux faits, et non à leur cause, ce qui a fini par nous
sauter aux yeux, c'est ceci : l'affaire de Tarnac fut d'abord une
tentative forcenée, et à ce jour réussie, pour contenir aux frontières
l'extension du mouvement anti-nucléaire allemand. Toute l'opération
aura consisté à travestir une action de blocage de trains revendiquée
par un groupe anti-nucléaire allemand et exécutée par une méthode
assez usuelle et assez sûre – les fameux « crochets » - pour avoir été
employée jusqu'à une centaine de fois en une seule année de l'autre
côté du Rhin sans jamais blesser quiconque, en un « acte terroriste »
immotivé visant à faire dérailler des trains. Il aura suffi pour cela,
d'un côté, d'occulter la revendication allemande transmise dès le 9
novembre 2008 par Interpol, et de l'autre de faire le plus de bruit
possible autour de l'arrestation d'un groupe que l'on avait depuis
longtemps dans le viseur. Comme l'assassinat de Vital Michalon lors de
la manifestation de Malville en 1977, comme les tendons tranchés
volontairement, l'année dernière, aux militants du Groupe d'Action
Non-Violent Antinucléaire (GANVA) qui s'étaient enchaînés sur la route
du train de transport de déchets ultra-radioactifs CASTOR (CAsk for
Storage and Transport Of Radioactive material), l'affaire de Tarnac
témoigne de la nervosité pathologique qui atteint l'Etat français dès
que l'on touche à la question nucléaire. Il est vrai qu'il a sur ce
point des décennies de mensonge et des milliers de morts à faire
oublier.

Cette année que se prépare, pour la première fois peut-être,
une action de masse pour bloquer à son point de départ, le 24 novembre
prochain à Valognes (Manche), le train CASTOR, nous ne pouvons
décemment manquer le rendez-vous. Nous devons bien cela à l'Etat
français, et à ses nucléocrates. Et il serait malséant, après
Fukushima, qu'il y ait 50 000 Allemands pour le bloquer à son arrivée
à Gorleben, et personne pour l'entraver en France. Alors que huit
nouveaux trains de déchets provenant de Hollande doivent bientôt
traverser les gares de RER franciliennes pour rallier La Hague, nous
devons donner raison au collectif Valognes Stop Castor
(http://valognesstopcastor.noblogs.org/ *) : « La question des déchets
constitue le maillon faible de l'industrie nucléaire, et
l'illustration la plus frappante du scandale qu'elle est dans son
ensemble ». C'est donc là qu'il faut l'attaquer. C'est là qu'il faut,
à quelques milliers, lui porter un coup décisif. Polluer, c'est
toujours s'approprier. En polluant pour les cent mille ans qui
viennent, l'Etat nucléaire s'approprie tout futur pensable et toute
vie possible. Nous sommes le futur. Nous sommes la vie. Nous
arrêterons les centrales. Tous à Valognes !


Comité anti-CASTOR de Tarnac